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Introduction année 1 (extrait)

ANNEE 1 : INTRODUCTION (extrait)

Le 7 avril 2017, après un aller-retour express à Saint-Etienne, je dormais enfin dans ma première maison mobile. C’était le début de ma vie nomade. Je ne soupçonnais pas à quel point elle me conviendrait et me changerait radicalement. Certes, un début immobile, dans le jardin de la petite maison que je louais à ce moment-là mais un début tout de même. Du 7 avril 2017 jusqu’au moment où j’ai changé de jardin, je n’ai pas dormi ailleurs que dans mon nouveau chez moi. Cela a dû paraître étrange aux propriétaires que je voyais de temps en temps ainsi qu’au gardien du lieu. Mais cela m’a permis, le temps de quitter cette maison, de mieux voir comment m’organiser dans ma caravane. Il faisait un temps parfait : sec et bon, tout le contraire de l’année précédente quand les pluies ininterrompues du printemps 2016 avaient mené aux inondations catastrophiques et meurtrières du 1er juin à Nemours et Souppes-sur-Loing. J’étais chanceuse et heureuse. La météo n’en était pas la seule raison.


Nous prenons des décisions toute la journée : de petits arbitrages. Par moment, il faut faire de grands choix. Grands non parce qu’ils témoignent d’une qualité particulière dont nous pourrions nous vanter mais parce qu’ils orientent irrémédiablement notre vie. Comme tout le monde, je me suis retrouvée face à des choix importants. [...]

En revanche, il y a deux grandes décisions pour lesquelles je ne me pose pas de question : partir vivre en Martinique quand j’avais 20 ans et devenir nomade quand j’en avais 41. Ce sont les deux meilleures décisions de toute ma vie, les plus intelligentes car les plus en accord avec mes besoins profonds. Comme mes 3 ans et demi en Martinique, devenir nomade a été un nouveau départ. C’était aussi une boucle : je parachevais ainsi, sans en avoir pleinement conscience, le grand départ auquel je m’étais essayée toutes ces années en déménageant plus d’une quinzaine de fois (18 si on compte les très courtes périodes pour lesquelles j’ai quand même transporté toutes mes affaires). Aujourd’hui, je ne déménage plus mais je bouge toujours et je suis en train de me libérer de contraintes sociales asservissantes, en particulier vis-à-vis du travail subi. Ce journal témoigne de cette libération.

 

Il témoigne aussi de mon affranchissement des limites que je m’imposais. Car force est de constater, que les plus gros obstacles, je les portais en moi. En devenant nomade, j’ai appris à m’affranchir un peu plus du jugement social, à ne plus attendre d’être autorisée à. J’ai découvert des besoins bien réduits par rapport à ce que j’imaginais au départ. Je suis presque complètement sortie de la précarité financière en adoptant un mode de vie visant, dans l’idéal mais je n’y suis pas encore, le fonctionnement sans argent et sans place fixe : ce qui peut sembler tout sauf stable et pérenne à un sédentaire.

Il m’aura fallu plus de 20 ans, après mon départ pour la Martinique, pour me sentir plus aux commandes de ma vie. Et cela, je le dois à ce nomadisme. Je dois aussi reconnaître combien je suis redevable à mes animaux. Sans eux, j’aurais sans doute replongé dans un petit emploi alimentaire, un petit appartement, une petite vie bien sous tout rapport pour un regard extérieur, mais sans bonheur.

Quand je me suis lancée en 2016 comme chercheuse indépendante, j’avais encore bien du chemin à faire et j’ai misé sur des collaborations qui n’en valaient pas la peine. J’y ai perdu un temps précieux et gaspillé l’aide dont j’avais bénéficié pour créer mon entreprise. J’avais encore besoin de me sentir accompagnée, de suivre, d’être autorisée à. Qu’il est long le chemin de la libération ! Je me souviens d’avoir dit à 35 ans : maintenant c’est fini les complexes ! Eh bien il aura fallu encore 6 bonnes années pour que je commence à m’en affranchir de manière opérationnelle.

[...]

Comment faire pour avancer vers ce qui m’intéressait mais qui ne « rapportait rien » ? Une solution était de réduire mes besoins. J’ai d’abord pensé à un mobil-home. J’étais alors encore tellement sédentaire ! Puis une tiny-house (c’était à la mode, donc ça faisait bien). Heureusement, je n’avais pas l’argent nécessaire. Je suis partie avec une caravane de 5m pleine à craquer en imaginant que j’allais avoir du mal à me passer du confort de la vie fixe (eau courante, énergie, espace...) et qu’il faudrait voir plus grand à la prochaine étape. Au bout d’un an, cette caravane était devenue trop grande et trop lourde ! Mon cheminement me menait, à l’inverse de ce que j’avais imaginé, vers plus de légèreté à tous les niveaux, pour économiser et préserver une ressource qui m’a toujours manqué bien plus que l’argent : le temps.


Lorsque j’ai repris des études en 2002, la question pivot autour de laquelle me ramenaient toutes mes interrogations du moment était celle de la liberté. Je la définissais alors comme une connaissance, une intelligence du milieu et des milieux qui permettait de s’orienter dans les différents mondes, non seulement physiques mais surtout sociaux.

Aujourd’hui, je revendique une forme de navigation terrestre pour mieux percevoir les courants : ceux qui nous maintiennent au bord du rivage des habitudes, ceux qui nous poussent à nous en affranchir un tout petit peu, les courants mainstream de l’époque et du lieu où je navigue le plus souvent : les toutes petites classes moyennes françaises dont je suis et qui sont plus populaires qu’elles ne le croient souvent. Je voudrais contribuer, modestement mais avec détermination, à la réappropriation par la gauche du concept de liberté, accaparé par la droite. Les deux bords peuvent s’en revendiquer. La liberté ne tue pas l’égalité. C’est la fable qu’on nous a enseignée. Il faut s’en débarrasser.

Ce journal est en partie ma contribution. En le rendant public, je vise à poursuivre un dialogue entamé lors de toutes les rencontres permises par mon mode de vie. Surtout, je veux rendre compte d’un phénomène que je n’avais pas anticipé : ma radicalisation citoyenne. Je veux témoigner de l’impact de la violence sociale sur mon changement de perspective, moi qui étais plutôt de centre gauche, légaliste à l’extrême, pensant naïvement, niaisement, que les changements devaient venir de l’intérieur et que rien ne pouvait se faire du dehors. Je ne sais pas l’expliquer entièrement mais j’ai l’intuition qu’il faut retourner sur les bordures, les parapets. Ma petite expérience m’a permis de ressentir encore plus directement à quel point le système dominant ne tolérait pas les digressions et les marges, bien qu’il prétende le contraire. J’ai compris que rester toujours dans les limites de « ce qui se fait », « ce qui est raisonnable », est le meilleur moyen de justifier a posteriori les fonctionnements que l’on souhaite faire évoluer.

Alors que faire ? Je ne prône pas l’illégalité, mais l’expérimentation dans les à-côtés. Je cherche la tranquillité et, en premier lieu, la tranquillité d’esprit. Cela passe par un alignement de ma manière de vivre avec mes valeurs, cela passe aussi par une recherche aux confins de la loi, sur les zones grises. Je pense de plus en plus que c’est là que se construisent les solutions valables : qui permettent de vivre plus décemment en accord avec soi-même sans s’épuiser dans une guerre infernale avec la société dont on est issu.

[...] Mon mode de vie est mon militantisme.

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